Le Métropolitain

150 ans plus tard

Patrice Dutil revenait sur 150 ans d’histoire canadienne

« On est à une époque où la Confédération se porte bien », déclarait Patrice Dutil devant les spectateurs de l’Alliance française. Le professeur de l’Université Ryerson présentait la conférence L’esprit de 1867 : le point tournant dans l’histoire de l’Amérique française.

Promettant un discours sans tabou, l’historien et politologue revenait sur ces années qui ont vu naître et se développer la confédération canadienne par le biais d’une galerie de personnages et de statistiques.

Patrice Dutil entamait son discours revenant au tout début de l’histoire de la confédération, le 1er juillet 1867, qui voyait naître ce qui a dessiné le Canada contemporain. Un projet pourtant très fragile rappelait-il : « On se disait que c’était peut-être un projet temporaire ».

Cinquante ans plus tard, en 1917, l’anniversaire de la Confédération passe inaperçu, perdu dans les douleurs de la Première Guerre mondiale qui coûtera la vie à 12 000 jeunes Canadiens.

Ce n’est qu’en 1967, à l’occasion de son centenaire, que le Canada fête en grande pompe son anniversaire. L’historien se rappelle de ce moment-là, célébré à Montréal comme un temps optimiste « mais pas à tous les niveaux ».

En effet à cette époque le Québec traverse une crise, sa révolution tranquille, qui remet le en question au cœur du projet canadien, rapporte Patrice Dutil.
Aujourd’hui, à l’aube de ses 150 ans, qu’en est-il de la Confédération? « Je vais vous proposer une thèse, lançait le conférencier. La Confédération se porte bien, mais le Canada bilingue a été laissé de côté. Il faut reconnaître les réalités : malgré le cousinage, nous sommes deux entités qui se connaissent peu. »

« Il faut reconnaître les réalités : malgré le cousinage, nous sommes deux entités qui se connaissent peu. »

Alors, pourquoi le Canada a-t-il réussi malgré le manque d’union sociale et culturelle, interrogeait Patrice Dutil qui y reconnaît la réussite d’un travail politique.

Le professeur revenait sur les nombreuses voix et moments ayant remis en question l’unité canadienne, soulignant ces tensions comme la démonstration de deux visions distinctes d’un Canada. D’un côté les anglophones envisageant la confédération comme une entente entre provinces pour administrer un bien commun et de l’autre, les francophones rêvant d’une entente nationale.

Selon une étude menée en 2010, 73 % des Québécois sont d’accord pour un nouveau partage des pouvoirs et des ressources entre Québec et Ottawa alors que 71 % des Canadiens se déclarent en désaccord avec cette idée, exposait le conférencier.

« Les Québécois ont toujours le sentiment qu’il y a quelque chose de mieux qui les attend », déclarait Patrice Dutil.

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