Un rapport produit par un comité d’experts en matière d’éducation vient d’être rendu public. Ses recommandations au gouvernement en matière d’éducation postsecondaire dans la région du centre-sud-ouest de l’Ontario vont dans le même sens que les revendications que porte le commissaire aux services en français, François Boileau.

Le paradoxe est connu. Les francophones du sud de la province, et en particulier de Toronto, sont de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes. Dans le même temps, il ne leur est pas offert beaucoup de choix pour effectuer leurs études postsecondaires dans leur langue.

Bien que La Cité collégiale, le Collège Glendon et le Collège Boréal ne ménagent pas leurs efforts, force est de constater que pour un jeune francophone ambitieux de Toronto, le choix se réduit vite à deux exils. Un exil géographique d’abord. Les centres universitaires francophones en Ontario se trouvent à Ottawa et Sudbury.

Ainsi, Gilles Marchildon, président de l’ACFO Toronto, rappelle souvent qu’il a dû quitter son patelin natal de Penetanguishene pour aller étudier la science politique à l’Université d’Ottawa. Et quand ce n’est pas à Ottawa, l’exil les éloigne parfois jusqu’au Québec, qui compte les meilleures universités francophones en Amérique du Nord.

L’autre exil auquel les jeunes francophones doivent se résoudre est un exil linguistique. Pour rester dans le sud de l’Ontario, ils doivent étudier en anglais. Bilingues la plupart du temps, ce n’est pas forcément un problème. En revanche, le choix ne leur est pas laissé.

Le commissaire aux services en français, François Boileau, s’est emparé du sujet lors de ses dernières recommandations au gouvernement, en juin dernier. Pour lui, sans un projet postsecondaire ambitieux, les francophones du Centre-Sud-Ouest ne peuvent pas aborder sereinement leur avenir. Parmi ces recommandations, celle qui a fait le plus de bruit concernait le Collège universitaire Glendon, que M. Boileau verrait bien prendre son indépendance de l’Université York, dont il fait partie.

Le comité d’experts n’a pas été aussi explicite, même si on trouve le long des pages des allusions à l’autonomie et à l’indépendance des universités bilingues à l’étranger (Fribourg, Bolanza, Helsinki, etc.) et francophones ailleurs au Canada (Laurentienne, Ottawa, St-Boniface, etc.). 

Le comité, en revanche, a recommandé la création d’un Secrétariat aux études postsecondaires en langue française qui serait le noyau d’un mécanisme de consultation et assurerait la coordination des programmes de langue française pour toute la région.

Le commissaire aux services en français a promis d’être « attentif aux réponses que le gouvernement apporterait à ces recommandations ». Une manière de dire que ce dossier sera pour lui une priorité.