Maryse Arseneault, a plus d’une corde à son arc : exposition solo, installation, performance et résidence d’artiste récemment terminée au Labo. L’artiste acadienne multidisciplinaire ne chôme pas.

« Mon travail varie en fonction des idées qui me viennent », confie-t-elle. Pour bien continuer l’année 2018, Sanguine et terres brulées / Blood Ties, Scorched Earth, un projet commencé en 2011 sur l’identité acadienne dès le 28 avril dans le cadre du festival Contact en partenariat avec Le Labo.

Depuis de nombreuses années, Maryse Arseneault se questionne sur ses origines et le territoire d’où elle vient qui était occupé notamment par les Mi’gmags. Elle a fait un premier projet sur ce sujet intitulé À l’ombre d’Évangéline avec, pour thème central, Évangeline, héroïne imaginaire du poème de Longfellow (1847) qui a beaucoup marqué la société acadienne.

L’artiste continue donc sur sa lancée en 2011 en créant un nouveau projet sur ce même thème. « Les Français et les peuples autochtones vivent depuis des siècles sur le même territoire. Nous ne sommes pas bien informés de ce qui s’est vraiment passé. C’est tabou. On a des ancêtres qui sont Mi’gmags mais s’est caché, par exemple. C’est donc un partage de culture et de territoire qui est ambigu. C’est comme un racisme silencieux qui se passe en Acadie. Je voulais initier un dialogue. C’était le but du projet », continue-t-elle. Pour Mme Arseneault, il est très important de donner la parole aux Premières Nations qui « ont trop longtemps été passées sous silence ».

Et pour créer cet échange, ce dialogue comme elle l’appelle, l’artiste a trouvé sur Internet des centaines de photos venant d’archives prises par les premiers photographes anglais et américains tels qu’Edward Sheriff Curtis et C.S. Fly qu’elle a ensuite retravaillées.

Sur les photos format carte de visite, des visages d’hommes et de femmes des Premières Nations masqués par l’étoile à huit pointes, un symbole micmac. Elle a ainsi créé une installation au sol reprenant les huit branches de l’étoile et composée des 800 portraits.

Pour mieux l’observer, les visiteurs sont invités à se mettre à genoux. « J’ai apposé un symbole identitaire sur leur visage pour masquer leur identité, une façon de les protéger, dit-elle. Cela reprend le concept d’appropriation. Je me suis appropriée ces photos, ce symbole pour en faire une œuvre d’art qui sera dans une galerie qui va approprier l’espace sur un territoire qui ne m’appartient pas », conclut l’artiste originaire de Moncton.

Sept ans après l’avoir débuté, ce projet reste toujours d’actualité et Mme Arseneault trouve important qu’il soit présenté. L’exposition est à voir du 28 avril au 12 mai au studio 277 – 401, rue Richmond Ouest à Toronto.