Le Métropolitain

Établissement et intégration des nouveaux arrivants francophones LGBTQIA en Ontario

Les résultats du rapport sur l’évaluation des besoins des immigrants et réfugiés francophones LGBTQIA (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels, Queer, Intersexe, Asexué) en Ontario de mars à décembre 2014, ont été dévoilés le lundi 23 mars à l’occasion d’un forum organisé en collaboration avec FrancoQueer et OCASI (Ontario Council of Agencies Serving Immigrants) en présence de nombreux participants.

La journée a commencé par la présentation des résultats de la recherche par l’avocate Julie Lassonde et la gérante de l’évaluation et recherche à Youth Research and Evaluation Xchange, Erika Gates-Gasse. Un constat flagrant ressort des recherches. « En Ontario, aujourd’hui, il y a peu de projets relatifs aux minorités sexuelles francophones. Et du fait que cette communauté est minoritaire, il existe peu d’organismes pour les rassembler ensemble », dénonce Erika Gates-Gasse. Les résultats dont elles rendent compte montrent dans les grandes lignes que « les besoins en matière d’immigration et d’intégration sont similaires au reste de la communauté francophone. »

Sur les 34 immigrants et réfugiés francophones LGBTQIA sondés, plus de la moitié sont réfugiés. La majorité des sondés vivent à Toronto et un tiers d’entre eux vivent au Canada depuis au moins quatre ans. Il n’y a que 22 % de services spécialisés LGBTQIA en Ontario, ce qui réduit fortement la communication. Le rapport montre un besoin criant « d’espaces positifs », où les personnes LGBTQIA peuvent librement choisir de parler de leur genre ou de leur sexualité. En effet, la majorité des sondés ont reconnu ne jamais dévoiler leur identité de genre. Ce constat est justifié par l’homo-bi-transphobie et hétérosexisme encore trop présente dans le secteur de l’établissement et de l’intégration. 

Les témoignages cités lors de la présentation des résultats montrent que « la question de l’orientation sexuelle devrait être posée de façon moins agressive et que c’est la responsabilité de l’intervenant de créer un espace sécuritaire qui intègre », expliquent les intervenantes. Elles insistent également sur l’importance de la confidentialité de l’identité sexuelle et de politiques pour contrer la discrimination et le harcèlement. 

Le rapport montre en outre que les personnes LGBTQIA ont des difficultés à trouver un logement ou un emploi et sont aussi affectées tant sur le plan de la santé physique que mentale du fait de leur difficulté à trouver un médecin de famille ou psychologue sensible à leur expérience. 

Il reste encore à améliorer les services en français malgré l’obligation légale, avec 70 % des sondés qui se sont « parfois » ou « rarement » fait offrir des services en français. De plus, il existe une différence entre les besoins des immigrants et ceux des réfugiés entre leur arrivée et le développement de leur vie sociale. 

Enfin, les organismes et les intervenants demandent la création de plus d’espaces positifs, l’élargissement de la formation et de l’offre de soutien et, enfin, le financement de la structure ainsi que la gouvernance nécessaire à l’offre de services, car nous souhaitons que ces services soient offerts sur une base régulière, selon Julie Lassonde.

Pour Carlos Idibouo, ce forum est un premier pas qui sera suivi par d’autres étapes afin de « mobiliser la communauté, faire un travail de sensibilisation et de compréhension. Tout ce dont nous avons besoin maintenant que nous avons un projet concret, c’est un financement ».

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