Le mélange des genres est en vogue et les résultats offerts sont souvent surprenants, à l’image des réalisations de la Montréalaise Isabelle Picard. En effet, cette dernière présentera ses dernières œuvres à la galerie Lonsdale à l’occasion de l’exposition Burden of Proof, qui aura lieu jusqu’au 10 août.

C’est en compagnie de Robert Davidovitz et d’Amanda McCavour qu’elle exposera ses travaux, pour le moins intrigants. Parvenir à mêler quelque chose qui n’est pas censé avoir d’autre utilité que sa valeur artistique avec quelque chose qui justement ne brille bien souvent que par sa fonction, comme la confection textile, est un véritable défi. C’est ainsi une vision décalée des mots « Art » et « Artisanat » que propose la jeune artiste, reprenant la problématique principale de cette exposition en groupe : qui définit réellement le sens des mots?

Sous la gouverne de Jessica Butler, curatrice de l’évènement, les trois créateurs ont employé des méthodes de tissage évoluant vers des concepts visuels aussi complexes que techniques. Au-delà de cette impression de fouillis, chaque recoin de la composition répond à un ordre et des codes stricts pour au final offrir un résultat aussi empreint de logique que d’imaginaire. 

Chaque participant dispose de sa propre spécialité : M. Davidovitz est porté sur la peinture acrylique et le dessin d’icônes digitaux, Mme McCavour se tourne quant à elle vers le filetage, tandis que Mme Picard travaille sur des attaches autobloquantes et du grillage. Cette dernière verse dans les médias mixtes et transforme les matériaux les plus lourds et disgracieux en un objet fin et délicat. Passionnée de phénomènes naturels, elle aime lier les thèmes de croissance et de transformation et en tirer un rendu unique. « Mon travail est formel, que les gens puissent lire l’œuvre, dit-elle. Je veux susciter ou évoquer, la fascination de la matière me guide. » 

Deux œuvres importantes signées Picard sont présentes à la galerie Lonsdale : « Il y en a une qui s’appelle Flow, et que j’ai réalisée à l’université Concordia, ajoute-t-elle. Elle est composée de 5000 tyraps et ressemble à un récif corallien ou des spermatozoïdes. Ça se situe entre la maquette et l’œuvre d’art, c’est un microcosme. » Six œuvres plus petites viennent s’ajouter, jouant principalement sur les effets de lumière et la peinture. Toujours guidée par le potentiel architectural des matériaux, elle utilise la cire, la résine, le carton et même les pailles pour créer. « Je peux ainsi donner un mouvement de torsion », explique-t-elle. Quant à sa collaboration avec les autres créatifs, elle l’a remplie d’enthousiasme : « Je suis contente d’être avec ces deux artistes. Je les avais remarqués avant. »

Une exposition prometteuse pour cette jeune Québécoise qui travaille en marge de ses activités comme technicienne en centre d’artistes.